Avec son jazz-blues délicatement nuancé accompagné de paroles qui traversent les années en gardant toujours la même teinte poétique aux accents nostalgiques, Isabelle Mayereau a le don de réveiller jusqu’à nos plus lointains souvenirs et de les magnifier grâce à l’alchimie de ses mélodies simples mais envoûtantes. Portées par sa voix douce qui nous cajole, ses chansons transcendent les choses de la vie et les transforment en joyaux. Elle fait figure d’ovni dans le paysage musical français tout comme Gérard Manset ou Jeanne-Marie Sens.
Née à Bordeaux dans un milieu bourgeois, elle apprend à jouer de la guitare à l’adolescence avec un professeur espagnol qui lui fait connaître Paco Ibáñez et Georges Brassens ; elle découvre ensuite Barbara et Jimi Hendrix. Après son bac, elle devient styliste de mode tout en continuant à écrire et composer des chansons qu’elle souhaite donner à d’autres interprètes. Cependant ses proches réussissent à la convaincre de les enregistrer elle-même.
Ainsi, en 1977, pour ses trente ans, elle signe un contrat chez AZ et sort son premier 33 tours, (dont elle écrit et compose toutes les chansons) qui est orchestré par Jean Musy et dirigé artistiquement par Jacques Bedos. Voici ce qu’elle en dit sur la couverture du premier CD de Parcours (2016) :
“Premier album, Quelle aventure ! Un vendredi après-midi, appel de Jacques Bedos, directeur artistique de Dick Annegard, Maxime le Forestier, Georges Moustaki, Serge Reggiani, etc… Proposition d’album. Belle surprise, émoi, temps de réflexion. J’accepte. Jean Musy est aux orchestrations, patrice Kef fait la prise de son. Délicatesse, humour, magie, bonheur pur !”
Sur cet album, plusieurs chansons remportent un succès d’estime notamment : “Hash” et “Standing”.
En 1978, elle remporte le premier prix du festival international de la chanson française de Spa avec le titre “Tu m’écris” qui figure sur l’album Souffle en l’air. Tout le monde se souvient de ses paroles nostalgiques et de la mélodie accroche-oreille qui les accompagne, un pur bonheur ( Tu m’écris, tu m’écris, Sur papier d’Arménie, Des mots à, des mots à, À parfumer mon lit. Je dessine, je dessine, Sur papier d’harmonie, Des notes à, des notes à, À chatouiller ton ouïe. Et le temps passe comme ça, Douceur de papier soie, Et le temps passe comme ça, Di, di, di, di…)
Évoquons aussi “Stars Fantômes” (Sur les vapeurs d’un tilleul-menthe, J’ai des visions ectoplasmiques, C’est Diane Arbus à bicyclette, Cinquième avenue, New-York peut-être. Jimmy Hendrix joue du clavecin, Dans un break Dodge dix-neuf-cent-vingt, Et le vieux Satchmo ne sait plus bien, Si Kid Ory est musicien…) et l’amusant “Trois Kilos” tirés du même album (J’ai pris trois kilos, J’ fais des haltères et du judo, Je mange des clous et je bois d’ l’eau, J’ fais une gymnastique bizarre, On s’ couche par terre, un peu dans l’ noir, On prend connaissance de son corps, Comme d’un véritable trésor…)
Elle sort ensuite 4 autres albums dans les années 80, son style d’arrangements, assez dépouillé au départ laissant de plus en plus de place aux programmations synthétiques (“Déconfiture”, “Bordeaux”).
De 1987 à 1996, elle quitte la scène médiatique et les studios d’enregistrement.
Elle revient en 1997 sur le label Touchstone avec l’album Juste une amertume.
En 2004, une deuxième compilation CD story paraît.
En 2010, elle est nommée chevalier des arts et des lettres par le ministre de la culture Frédéric Mitterrand.
En 2016, la totalité de ses 9 albums studio est rééditée en CD dans le coffret Parcours, une intégrale, qui restitue les chansons dans l’ordre exact des éditions d’origine. La compilation est accompagnée d’une tournée : Prochaine date : 3 mars 2017 – Le Carroi – La Flèche (72)
Discographie :
1977 : L’Enfance
1978 : Souffle en l’air
1979 : Déconfiture
1980 : Des mots étranges
1982 : Nuages blancs
1984 : Les Mouches
1987 : Film noir
1997 : Juste une amertume
2009 : Hors piste
2016 : Parcours (Intégrale 5 CD)