Nino Ferrer a des racines et origines niçoises, et italiennes (du côté de Vintimille, à proximité de la frontière italo-française). Il passe les premières années de sa vie en Nouvelle-Calédonie où son père, ingénieur, travaille dans l’extraction de nickel. Ferrer était bilingue français/italien, et avait de bonnes notions en anglais.
De retour en métropole dès 1947, le jeune Nino, après une scolarité parisienne au lycée Saint-Jean-de-Passy, se lance dans des études d’ethnologie et d’archéologie préhistorique à la Sorbonne. Il est notamment l’élève de Leroi-Gourhan. Ses études ne l’empêchent pas de poursuivre passionnément de nombreuses activités dont la peinture, la gravure et la musique. Il part ensuite faire le tour du monde sur un cargo, participe à quelques fouilles en Mélanésie et, de retour en France, se consacre à une musique qui depuis longtemps le fascine, le jazz.
Premier Single :
Sa discographie commence en 1959 — puisqu’il fut, cette année-là, contrebassiste sur deux 45 tours des Dixie Cats —. Au début des années 1960, il accompagne la chanteuse américaine Nancy Holloway et propose, en vain, ses propres compositions aux maisons de disques. En 1963, la chance lui sourit puisqu’il peut enregistrer son premier disque (Pour oublier qu’on s’est aimé). Sur la face B figure un titre, C’est irréparable, dont il existe une version italienne Un anno d’amore, tube chanté par Mina qui en fait aussi des traductions en espagnol, en japonais, en turc… Une autre version espagnole, directement traduite de la version en italien, sera réalisée pour la bande originale de Talons aiguilles de Pedro Almodóvar sous le titre Un año de amor, et sera interprétée par Luz Casal. Dalida l’a chantée en 1965 en français. Le disque n’aura qu’un succès très relatif en France, mais sera diffusé dans quelques pays européens, au Japon et même au Moyen-Orient.
Mirza et autres succès populaires (années 1960) :
Il lui faut attendre 1965, après de nombreux échecs (groupes avortés, rupture puis réconciliation avec Barclay, sa première maison de disques), pour que l’occasion lui soit donnée de renouer avec le succès, par le truchement de sa chanson Mirza. Succès immédiat qui conduit Nino Ferrer à enregistrer d’autres tubes — parfois à contrecœur — tels que les Cornichons, Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! lui imposant, et pour longtemps, le rôle du chanteur rigolo. Comme Henri Salvador, il se rattrape en interprétant des mélodies tristes et graves sur les faces B de ses disques (Ma vie pour rien).En 1966 il est bassiste sur deux disques EP des Gottamou (Bernard Estardy, Nino Ferrer, Richard Hertel).
Son rôle de chanteur décalé lui apporte des avantages certains (succès, argent, conquêtes), mais le caractère plutôt entier de Nino Ferrer s’en accommode mal. Rompant avec le monde du spectacle, il quitte la France et part s’installer en Italie de 1967 à 1970. Alors que des disques continuent de sortir en France (Le Téléfon, Mao et Moa, Mon copain Bismarck nettement plus ironiques), Nino Ferrer gagne en notoriété grâce à une émission italienne qu’il anime, Io, Agata e tu.
La Maison près de la fontaine et Le Sud :
À son retour en France, il s’installe dans le Quercy, où il se lance dans l’élevage de chevaux, mais sa rencontre avec un guitariste irlandais, Micky Finn lui rend le goût de la composition musicale. Micky et ses musiciens suivent Nino à Paris et deviennent les Leggs. Après des mois d’une écriture personnelle et de composition, sort en 1971 Métronomie. Si l’album n’a qu’un succès mitigé, l’un de ses titres, La Maison près de la fontaine, se vend à plus de 500 000 exemplaires en 45 tours. Certains morceaux de cet album peuvent être associés au genre du rock progressif (Métronomie 1 et 2, Cannabis…), le sortant ainsi de l’étiquette « variétés » à laquelle il était assigné. On note une progression, à partir de cette date, vers un travail plus complexe en matière de composition. Nino Ferrer and Leggs paraît en 1973, mais c’est la chanson Le Sud qui sera son plus grand succès.
En 1968 Nino a acheté une maison de style colonial à Rueil-Malmaison, La Martinière, côte de la Jonchère, qu’il a fait équiper d’un studio d’enregistrement. Cette propriété qui lui rappelle son pays d’enfance, la Nouvelle-Calédonie, lui inspire les paroles de la chanson South, qu’il enregistre d’abord en anglais sur l’album Nino and Radiah de 1974. La photo de la pochette du 45 t avec Radiah Frye est prise dans son jardin. Mais c’est avec sa version française, Le Sud, que cette chanson deviendra un immense succès. Le disque se vend à plus d’un million d’exemplaires et devient un des tubes du printemps 1975. Ce succès permet à Nino Ferrer, d’acquérir en 1976 « La Taillade », une bastide située au cœur du Quercy Blanc, dans la région des Vaux près de Montcuq, qu’il équipe également d’un studio d’enregistrement.
Après Le Sud :
Il est difficile à Nino d’assurer la continuité d’un pareil succès et les albums suivants (Suite en œuf en 1975, Véritables variétés verdâtres en 1977) ne marchent que très moyennement, échecs parfois occultés par un ou deux 45 tours qui, eux, remportent un succès appréciable. En 1979 sort l’album Blanat, puis Nino part en tournée avec Jacques Higelin.
Entre 1981 et 1983 sortent La Carmencita, Ex-Libris, Rock’n’roll cowboy (dont Frank Margerin dessine la pochette). 13e album (1986) passe, quant à lui, complètement inaperçu mais, au début des années 1990, il renoue avec le succès, auprès d’une nouvelle génération en Italie puis en France, grâce à la sortie d’une compilation qui permet de faire découvrir, à côté de succès historiques, d’autres compositions plus rares.
En 1982, Nino Ferrer tente de se lancer, avec enthousiasme, dans le cinéma, en jouant l’un des rôles principaux (celui du docteur Steve Julien) du film Litan de Jean-Pierre Mocky, mais le film est à sa sortie un cuisant échec, étant violemment mis à bas par la critique. Du fait de cet échec, les producteurs et réalisateurs ne lui proposeront plus de rôles, ce qui l’affectera grandement.
En 1989, Nino, de nationalité italienne, demande et obtient sa naturalisation française pour, selon ses dires, célébrer le bicentenaire de la Révolution française. Il enregistrera l’hymne national La Marseillaise accompagné par une chorale de Montcuq, qu’il fera se produire lors d’une émission Champs-Élysées de Michel Drucker.
Sous l’égide d’Yves Bigot et Philippe Poustis (respectivement directeur général et directeur artistique de Fnac Music), il sort en 1993 un autre disque, La Désabusion, dont les bases ont été enregistrées dans son studio à la Taillade et les cuivres au studio Polygone de Toulouse, avec la présence du guitariste Micky Finn et prépare une nouvelle tournée. Il expose ses peintures à Paris, puis part en tournée avec le groupe anglais de Micky Finn, les Leggs. Un ultime album, composé de différents titres chantés et/ou écrits par des membres de sa famille (son fils Arthur et sa femme Jacqueline Monestier, dite Kinou) et quelques amis musiciens sort en 1993, La Vie chez les automobiles.
Une fin tragique :
En juin 1998, cinq ans après son dernier album, sa mère Mounette meurt « des suites d’une longue maladie », à l’âge de 86 ans. Deux mois après, le 13 août 1998, le chanteur se tire une balle dans le cœur au milieu d’un champ de blé situé à quelques kilomètres de chez lui. Il aurait eu 64 ans deux jours plus tard.
Albums studio :
1967 : Les Petites Filles de bonne famille
1969 : Agata
1971 : Métronomie
1972 : Nino Ferrer and Leggs
1974 : Nino and Radiah
1975 : Suite en œuf
1977 : Véritables variétés verdâtres
1979 : Blanat
1981 : La Carmencita
1982 : Ex-libris
1983 : Rock n’roll cow-boy
1986 : 13e album
1993 : La Désabusion
1993 : La vie chez les automobiles