Soft Rock – Eagles

Ce groupe californien archétypal des années 70 s’est formé avec des musiciens qui ont vécu les meilleurs moments de la West Coast, avec Poco (Randy Meisner) ou les Flying Burrito Bros (Bernie Leadon). Ils doivent leur réputation au soin extrême qu’ils apportent à toutes leurs productions ainsi qu’à la sophistication de leur musique.

La formation du groupe :

En 1971, le guitariste/chanteur Glenn Frey, le batteur/chanteur Don Henley, le guitariste/chanteur Bernie Leadon et le bassiste/chanteur Randy Meisner forment les Eagles. L’idée initiale vient de Frey à qui David Geffen avait conseillé de former un groupe qui jouerait pour Linda Ronstadt pendant sa tournée. L’œil tourné vers son futur groupe, il s’approche de Henley qui devient le batteur. Avec l’aide de John Boylan (le producteur de Ronstadt), Frey attire Leadon et Meisner, deux autres membres du groupe de la tournée. En 1971, ils jouent ensemble pour la première fois à Disneyland, soutenant Ronstadt. Ils jouent si bien que rapidement, ils se retrouvent dans les bureaux de Geffen pour signer un contrat et faire leur propre disque.

Geffen les rattache au célèbre producteur Glyn Johns pour enregistrer leur premier album Eagles (1972), qui est réalisé à Londres en moins de trois semaines. Johns les guide vers le son country-rock qui les rendit célèbre avec les tubes « Take It Easy », « Peaceful Easy Feeling » et « Witchy Woman ».

« On the Border » ou Le passage de la Country Rock au Pop Rock :

Leur premier disque a d’ailleurs aidé à lancer le boom du country-rock des années 70, mais c’est à partir de leur troisième album que les Eagles mettent l’accent sur la partie « rock » de leur son.

Dans un interview de l’époque, le batteur des Eagles, Don Henley soulignait d’ailleurs: « Faire notre premier album avec Glyn Johns a été un coup de génie du groupe au complet. Surtout de sa part d’ailleurs. Parce qu’il était un producteur solide face à aux difficultés posées par le réalisation d’un premier album. Il a réussi à dire: «Hé, Henley, allez-y, Frey, faites ceci, et même si vous ne savez pas où cela mène, croyez-moi, essayez, c’est pour le mieux.» Il nous a vraiment aidés à faire ces deux albums. »

Les cessions d’enregistrement du troisième disque en mars 1974, se sont avérées plus problématiques. Après avoir enregistré une paire de chansons avec Johns (dont « Best of My Love » qui allait  devenir un énorme tube), le groupe l’a viré et a engagé Bill Szymczyk parce que, comme Henley l’a dit plus tard au magasine rock Crawdaddy, Glyn pensait que nous étions un groupe country rock et semi-acoustique, et chaque fois que nous voulions faire du rock’n’roll, « il aurait pu citer mille groupes britanniques qui pouvaient le faire mieux ».

« Je déteste quand les gens nous qualifient de groupe country-rock parce qu’ils adorent cette musique », se plaint d’ailleurs le guitariste Glenn Frey dans une interview pour Phonograph Record. « Nous pouvons faire n’importe quoi! Nous pouvons faire du rock and roll, nous pouvons faire de la musique country,  n’importe quoi d’autre. »

L’arrivée de Don Felder : 

Quelles que soient les véritables raisons de la scission, les choses se sont calmées une fois que le groupe a rejoint Szymczyk, et le niveau du groupe s’est encore amélioré après l’arrivée d’un nouveau guitariste, Don Felder, qui est resté dans le groupe après avoir joué sur un solo de slide guitare sur « Good Day in Hell ». (Note explicative: La Slide guitare est une méthode particulière pour jouer de la guitare. Au lieu d’appuyer la corde sur les frètes, un objet appelé «slide» est placé dessus pour faire varier sa longueur donc sa vibration. Ce slide être déplacée le long de la corde sans la soulever (d’où le nom), créant ainsi des transitions lissées et permettant un vibrato large et expressif.)

« J’ai été un fan de Don Felder pendant environ un an et demi !» dit Frey enthousiaste pendant l’entretient avec Crawdaddy » Depuis que je l’ai entendu jouer à Boston une nuit. Je l’ai vu à un concert sur L.A. et je lui a demandé s’il était d’accord pour jouer un solo de slide guitare sur «Good Day in Hell», et à chaque prise, il nous a tous soufflé. S’il n’est pas Duane Allman réincarné, je ne sais pas qui il est. Je me sens mieux que jamais depuis qu’il nous a rejoint. On est meilleurs sur scène maintenant. »

« La chose importante à retenir avec ce groupe est que le tout est plus grand que la somme de ses parties », déclarait un jour Don Henley au Hit Parader. «Le groupe Eagles et ce que nous avons créé est plus grand que nous cinq ensemble. C’est dur quand cinq gars veulent tout faire. Vous voyez, il n’y a pas de leader dans les Eagles, parce que tout le monde est égocentrique. X peut être leader pour une journée avant que quelqu’un se lève et dise «F..k-you.» C’est parfois dur, mais c’est ce qui nous permet de rester bon. »

On The Border (1972) : Les paroles ont été écrites au plus fort du scandale du Watergate et de la mise en accusation du président Richard Nixon. Elle évoquait l’inquiétude des gens sur le gouvernement américain qui dépassait les bornes en ce qui concerne les questions de vie privée.

«Good Day in Hell» fut le petit hommage de Glenn à Danny Whitten et Gram Parsons. C’est aussi notre opinion sur les dangers de l’industrie de la musique et le mode de vie qui va souvent de pair avec elle.

Sur des chansons comme « Already Gone », « James Dean » et « Good Day in Hell », les Eagles ont un son plus rock & roll. Bien que Glenn Frey ait été fasciné par le nouveau mouvement «country rock», et bien qu’il n’oublie jamais ses racines Motown, son premier amour a été le rock & roll. Peut-être grâce à l’influence de son ami et mentor, Bob Seger.

One Of These Nights (1975) : Le deuxième meilleur album du groupe. Dernier album avec Bernie Leadon.

Hotel California (1976) : Leur grand tube, évidemment. Et aussi la présence de Joe Walsh, venu d’un groupe du Midwest, le James Gang. Une musique taillée pour le plaisir, reflet de l’hédonisme californien. Un des 10 meilleurs disques de Soft Rock. Le titre éponyme est superbe mais je préfère « New Kids in Town ».

The Long Run (1979) : Le groupe s’est séparé de Randy Meisner et l’a remplacé par Timothy B. Schmit. Un autre album monumental avec « I can’t tell you why » et le splendide « King of Hollywood ».

Eagles Live (1980) : Double album contenant les meilleurs tubes. Tout est bon sauf peut-être le son de l’enregistrement qui ne restera pas dans les annales des audiophiles…Le groupe se sépare en juillet 1980.

Hell Freezes Over (1994) : Le groupe se reforme 14 ans plus tard. C’est un album live contenant quelques nouveaux titres enregistrés en studio (Get Over It, Love Will Keep Us Alive).

Long Road Out Of Eden (2007) : Un double album correct mais sans plus.

Glenn Frey est mort le 19 janvier 2016 à l’âge de 67 ans.

Photo d’illustration : The Eagles « Eagles Live » Vinyl LP (1980)