Chanson Française – Gérard Manset

Gérard Manset, né le 21 août 1945 à Saint-Cloud, est un auteur-compositeur-interprète, peintre, photographe et écrivain français. Le grand public le connaît généralement plus pour son œuvre musicale que pour ses autres facettes artistiques.
Né d’un père ingénieur dans l’aviation et d’une mère violoniste, Gérard Manset passe son enfance dans la banlieue parisienne, à Saint-Cloud, puis dans le XVIe arrondissement de Paris. Il échoue au baccalauréat à cause d’une mauvaise note en français.
En 1964, il est lauréat du concours général en dessin, et entre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Le Salon d’automne l’accueille dans sa section « gravure » en 1966, année pendant laquelle il expose également au Salon des artistes français. Parallèlement, il démarche des agences de publicité avec ses dessins, sans résultat.
Il commence à jouer de la guitare, s’intéresse aussi à la batterie. Puis il emprunte à sa sœur sa méthode de piano, et commence seul l’apprentissage de cet instrument.

Ses débuts :

Animal, on est mal (1968) : À cette époque, il a déjà écrit quelques chansons pour d’autres artistes français et québécois mais, n’aimant pas sa voix, se pense plus auteur et compositeur qu’interprète. Éconduit par plusieurs maisons de disques, il décide en 1968 de produire lui-même son premier 45 tours, Animal on est mal :
« Un jour, j’ai écrit un bout de texte, sans penser que cela puisse faire l’objet d’une chanson. Je l’ai plaqué sur un accord. Un seul ! Et j’ai laissé le texte venir. C’est devenu Animal on est mal, qui est peut-être une réaction à ce qu’était la chanson à l’époque. Un ami directeur artistique s’est montré intéressé par le truc, a voulu le produire… mais il est parti en Amérique, et ça n’a pas pu se faire. Mais il m’avait foutu l’idée en tête ! Par la force des choses, je me suis débrouillé pour enregistrer et produire les titres d’un premier 45 tours : Animal, La femme-fusée et deux autres encore. »
Pathé Marconi sort le titre en mai 68, au moment du mouvement protestataire. Dans ces circonstances peu favorables, le nombre d’exemplaires vendus est minime. Pourtant, son passage en boucle à la radio, pour cause de grève radiophonique, permet de repérer ce nouveau talent.
Quelques mois plus tard sort, sous le même titre, un premier album. Certains ont pu y déceler une sorte de recherche mystique (de Je suis Dieu à On ne tue pas son prochain). Le disque obtient un succès d’estime.

La Mort d’Orion (1970) : Deux ans plus tard, « La Mort d’Orion », un oratorio rock-symphonique aux arrangements élaborés, révèle l’originalité de Gérard Manset. Les parties de cordes très développées confèrent à l’enregistrement un certain lyrisme. Vendu (à l’époque) à 20 000 exemplaires, nombre remarquable pour un album de ce genre, c’est l’un des premiers concepts-albums français, à l’instar des Anglo-Saxons Pink Floyd ou Beatles.

Y’a une route (1975) :  le 45 tours « Il voyage en solitaire » est vendu à 300.000 exemplaires. Ce succès dérange l’artiste qui ne voit pas sa médiatisation d’un bon œil. En réaction, il enregistre en 76 « Rien à raconter ».

Royaume De Siam (1979) : Un des meilleurs albums de Manset, qui vient clore ici une décennie parfaite.

Toutes choses (1990) est un coffret-compilation de deux CDs contenant des titres déjà parus, dont de nombreux remixés en 1990.

Une discographie complexe : jetons un coup d’œil sur une discographie complexe, tortueuse mais unique dans l’histoire de la musique hexagonale:

Animal, On est mal (1968)
La Mort d’Orion (1970)
Long long chemin (1972)
Y’a une route (1975)
Rien à raconter (1976)
2870 (1978)
Royaume de Siam (1979)
L’Atelier du crabe (1981)
Le Train du soir (1981)
Comme un guerrier (1982)
Lumières (1984)
Prisonnier de l’inutile (1985)
Matrice (1989)
Revivre (1991)
La Vallée de la paix (1994)
Jadis et Naguère (1998)
Le Langage oublié (2004)
Obok (2006)
Manitoba ne répond plus (2008)
Un oiseau s’est posé (Double CD) (2014)
Opération Aphrodite (2016)

Voici deux extraits d’interviews qui sont évocateurs quant à ce personnage à part dans la chanson française:

« Comment vous définissez-vous? Je suis un obsessionnel. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai voyagé: j’avais un planisphère à remplir, des cases à cocher. La question de l’enrichissement ne se posait pas. C’était un désir enfantin de possession. Quand j’ai fait des photos, j’étais animé par la même obsession. Une sorte d’urgence. Je me suis conditionné à avoir toujours un crayon sur moi. » (Interviewé par Olivier Nuc – 2014).

« Vous avez une vision très noire du monde et de la société…
Je suis fait de 50 % de tristesse et de 50 % de sagesse. L’ombre et la lumière. A partir du moment où je me suis mis à m’exprimer en chanson, la création a été instantanée : le texte vient en un quart d’heure, la chanson se boucle dans la matinée. Entrez dans le rêve, comme d’autres, ont été dictées par mon subconscient. Parfois, le propos est terrible. Camion bâché évoquait le drame de ces pères qui ne voyaient plus leurs enfants après une séparation. A l’époque, j’avais des enfants en bas âge. » (Interviewé par Hugo Cassavetti – 2014)