Soft Rock – Gerry Rafferty

Gerry Rafferty devint un géant de la musique populaire à la fin des années 1970, grâce à la chanson “Baker Street” et l’album dont le titre est extrait, City To City. Mais sa carrière est bien antérieure à ses succès dans le Top 40 et sur les radios car, en fait, au moment où il sortait le fameux “Baker Street”, Rafferty avait déjà été membre de deux groupes à succès, Humblebums et Stealers Wheel.

Gerry Rafferty est né à Paisley, en Écosse en 1947, fils d’une mère écossaise et d’un père irlandais. Son père était sourd, mais aimait malgré tout chanter, principalement des chants rebelles irlandais, et sa première expérience de la musique était une combinaison d’hymnes catholiques, de musique traditionnelle folklorique et de musique pop des années 50.

En 1968, à 21 ans, Rafferty était un chanteur-guitariste qui avait commencé à écrire des chansons professionnellement, et essayait d’organiser ses propres concerts.  A cette époque, Billy Connolly était un musicien et comédien humoriste qui formait  un duo appelé Humblebums avec Tam Harvey, un guitariste rock qui s’était établi à Glasgow. Il venaient de signer chez Transatlantic, un label anglais réputé à l’époque. Après avoir joué un spectacle à Paisley, Rafferty demanda à Connelly d’écouter certaines des chansons qu’il avait écrites. Billy Connelly fut impressionné non seulement par les chansons, mais aussi par leur auteur, et tout à coup les Humblebums devinrent un trio.

Le trio Humblebums eût un grand succès en Angleterre, autant discographique que scénique, mais pas sans une certaine tension. Connelly était la personnalité dominante, ses plaisanteries entre les chansons amusant le public autant que les chansons elles-mêmes. En outre, Rafferty commençait à développer un style distinctif en tant que chanteur-guitariste et auteur-compositeur, ce qui engendra des tensions entre lui et Harvey qui quitta le groupe en 1970. Rafferty et Connelly continuèrent ensemble sur deux autres albums, mais leurs relations finirent par se dégrader. Les disques se vendaient bien, et les concerts attiraient de plus en plus de monde. Mais, Rafferty constatant que les blagues de Connelly prenaient plus d’importance dans leurs concerts que la musique qu’il écrivait, ils se séparèrent en 1971.

Transatlantic ne voulait pas renoncer à l’un de ses principaux chanteurs. Rafferty sortit son premier album solo sur ce label cette année là. Can I Have My Money Back? était un album folk-pop mélodieux, sur lequel Rafferty employait les talents vocaux d’un ami de vieille date, Joe Egan. Le LP recueillit de bonnes critiques mais ne se vendit pas.

De ces sessions, cependant, Rafferty et Egan créèrent les bases de Stealers Wheel, l’un des groupe pop-rock les plus prometteurs (et enrichissants) du milieu des années 1970. Le premier album du groupe fut un succès, notamment le single “Stuck In The Middle With You”. Mais le groupe se sépara en 1975, ce qui fut le début pour Rafferty, d’une difficile bataille juridique de trois ans avec ses producteurs et sa maison de disque qui ne voulaient pas le lâcher.

City To City (1978) : Enfin, en 1978, Rafferty fut libre d’enregistrer à nouveau, et il signa chez United Artists Records. Cette année, il enregistra City To City, un album superbe qui resta classé très longtemps dans les charts aux U.S.A. grâce au succès de la chanson “Baker Street”. “Je savais que j’avais écrit quelques bonnes chansons, alors j’ai appelé Hugh Murphy et nous avons enregistré à Chipping Norton. Je me souviens avoir pensé que je serais heureux si City to City se vendait à 50.000 exemplaires”, se souvient-il modestement. Il en a vendu cinq millions et demi, et son génie a accouché de la meilleure chanson pop de l’année 1978 avec Baker Street et certainement de l’intro de sax la plus mémorable tous les temps. La chanson elle-même était un chef-d’œuvre de la production pop, avec une mélodie centrale obsédante, sa voix mystérieuse et ardente soutenue par une basse en retrait, des claviers sobres, et le fameux solo du saxophoniste Raphael Ravenscroft qui enregistrait alors pour Pink Floyd dans le studio d’à côté, et qui vint remplacer avec bonheur le guitariste absent ; certes, ce riff est inspiré par celui du morceau “Half a Heart” de Steve Marcus, mais il est tellement bien interprété par Ravenscroft qu’on le lui pardonnera! Les paroles non plus ne sont pas en reste, puisqu’elles évoquent les tourments de Rafferty à cette époque (le procès avec ses anciens producteurs qui bloque sa carrière musicale, l’obligation de vivre dans le centre de Londres, mégalopole anonyme trop éloignée de son Ecosse natale, le blues et les excès d’alcool qui s’en suivent, mais la lumière qui apparait au bout du tunnel (l’enregistrement d’un nouveau disque et le succès à venir). Ce tube, dont Serges Gainsbourg disait qu’il était la plus belle chanson pop jamais enregistrée, a dominé les ondes pendant des mois en 1978, manquant de peu la première place en Angleterre, mais se vendant à des millions d’exemplaires et cumulant un nombre considérable d’heures de passage en radio. L’éditeur, la maison de disques et le producteur, tout le monde était ravi, jusqu’à ce qu’il soit devenu clair que Rafferty – qui avait un caractère solitaire et iconoclaste – n’allait pas faire de tournée aux U.S.A. pour soutenir l’album.

Night Owl (1979) : Son prochain album, Night Owl (1979), fit également un bon parcours et obtint de bonnes critiques, mais l’élan qui avait conduit City to City au statut de best-seller n’était pas là. Malgré cela, la chanson éponyme et l’inoubliable “Get It Right Next Time”, ont tous les deux obtenu un très grand succès de l’autre côté de l’Atlantique où le son de Rafferty très orienté FM était parfaitement adapté aux oreilles américaines. Avec très peu de soutien promotionnel, Night Owl a atteint 2,5 millions d’unités vendues, ce qui est une prouesse.

Inévitablement, cet album devait être le tournant de sa carrière. Financièrement sécurisé, Gerry Rafferty sort Snakes and ladders (1980). Après avoir perdu l’envie de fabriquer des tubes, il s’est enfermé dans le studio de George Martin à Montserrat et a livré une de ses meilleures polémiques sociopolitiques dans “The Garden of England”, ainsi que “Bring It All Home”.

Mais si “The Garden of England” résume le mieux l’humour de Gerry Rafferty dans Snakes and Ladders , une chanson intitulée “The Right Moment” enregistrée sur l’album suivant Sleepwalking (1982) est celle que l’artiste considère être l’une des meilleures qu’il ait jamais écrite. Le disque n’a pas marché commercialement, mais il demeure néanmoins l’un de ses meilleurs.

Travaillant une fois de plus avec le coproducteur Hugh Murphy, l’album North And South (1988) en résultant a montré un retour de l’auteur à sa période créative. Le titre autobiographique s’inspire de nouveau de la dichotomie entre les années de vie à Londres et autour de Londres et à son besoin de rester en contact avec ses racines celtiques.

On A Wing And A Prayer (1992) : a été ignoré par le public, bien que les critiques l’aient aimé (et moi aussi).

Over My Head (1994): était une tentative de reconsidérer son propre passé en repensant quelques chansons de Stealers Wheels.

One More Dream – The Very Best of (1995) : est une superbe compilation de Gerry Rafferty contenant ses meilleures chansons remixées, en particulier “Baker Street”, “Night Owl”, “Right Down The Line”, “Stuck In The Middle With You” et bien-sûr d’autres moins connues qui méritent l’écoute dont “Over My Head” tirée de l’album éponyme sorti en 1994. Cet excellent aperçu de la carrière de l’artiste, remporta un certain succès commercial.

Another World sort en 2000 sur le label Hypertension. Sa couverture est réalisée par J. Patrick Byrne, le concepteur graphique de la pochette des albums City to City, Night Owl, et Snakes and Ladders.

En 2009, Rafferty sort son dernier album Life Goes On. Il est en mauvaise santé mais le grain de sa voix caractéristique est toujours aussi superbe.

En novembre 2010, Rafferty est admis à l’hôpital de Bornemouth (Dorset), suite à une grave défaillance hépatique. Il y meurt le 4 janvier 2011 à l’âge de 63 ans d’une maladie du foie.

Discographie : 

1971 : Can I Have My Money Back
1978 : City to City
1979 : Night Owl
1980 : Snakes and Ladders
1982 : Sleepwalking
1988 : North and South
1992 : On a Wing and a Prayer
1994 : Over My Head
2000 : Another World

Compilations :

1991 : Right Down the Line: The Very Best of Gerry Rafferty
1995 : One More Dream: The Very Best of Gerry Rafferty
2006 : Days Gone Down: The Anthology: 1970-1982
2009 : Life Goes On