Au cours des années 70, Supertramp suivit un chemin inhabituel pour atteindre le succès commercial, car en fusionnant sa dextérité instrumentale teintée de rock progressif avec l’aspect mélodieux du pop rock anglais, il devint l’un des groupes britanniques les plus populaires des années 70 et des années 80, gardant la tête des hit parades et remplissant les salles de concert du monde entier à un moment où leur style de musique était censé être démodé.
Le pianiste et chanteur Rick Davies forma Supertramp en 1969. Davies avait été membre d’un groupe appelé Joint, financé par le milliardaire néerlandais Stanley August Miesegaes ; Miesegaes lâcha Joint, mais pas Davis auquel il proposa de lancer un nouveau projet. Davies plaça une annonce dans l’hebdomadaire de musique britannique Melody Maker et recruta le guitariste Richard Palmer, le percussionniste Robert Millar et le chanteur et bassiste Roger Hodgson. Dans un premier temps, Davies dénomma le nouveau groupe Daddy, mais finalement, il opta pour Supertramp, mot qui s’inspirait d’un livre de l’auteur gallois William Henry Davies, « The autobiography of a super-tramp » publié en 1908.
En 1970, Supertramp signa un contrat avec A & M Records, et leur premier album fut publié plus tard la même année. L’album n’eut pas de succès, mais le style de Supertramp changea quand Richard Palmer et Robert Millar quittèrent le groupe ; Hodgson passa de la basse à la guitare, et le bassiste Frank Farrell, le percussionniste Kevin Currie, et le saxophoniste Dave Winthropau rejoignirent le groupe. Supertramp ainsi composé publia l’album Indelibly Stamped en 1971, mais l’album marcha à peine mieux que le premier, et Miesegaes coupa son financement. Davies et Hodgson remanièrent encore le groupe avec cette fois Davies au piano et aux voix, Hodgson à la guitare, aux claviers et aux voix, Dougie Thomson à la basse, Bob C. Benberg à la batterie et à la percussion, et John Anthony Helliwell au sax, bois et claviers. Cette édition de Supertramp se prévalait d’un son plus concis et pop que le groupe qui avait enregistré les deux premiers albums, et en effet, l’album Crime of the Century de 1974 permit à Supertramp de faire une percée commerciale, avec les singles «Dreamer» et «Bloody Well Right». Crisis ? What Crisis? sorti en 1975 ne fut pas aussi commercial. Il a été enregistré à Los Angeles et à Londres.
Even in the Quietest Moments (1977) : est le cinquième album de Supertramp. Il a été enregistré principalement aux Caribou Ranch Studios dans le Colorado et le mixege fut achevé au Record Plant à Los Angeles avec l’ingénieur Peter Henderson, qui travaillera avec le groupe pour leurs trois prochains albums. Even in the Quietest Moments a atteint la 16ème place sur le Billboard Pop Albums Chart en 1977, et quelques mois après sa sortie est devenu le premier album de Supertramp certifié or (500.000 exemplaires ou plus) aux États-Unis. De plus, « Give a Little Bit » est devenu un top 20 aux États-Unis et a atteint la 29ème place du UK Singles Chart. Alors que « Give a Little Bit » a été le gros succès, « Fool’s Overture » et la piste titre ont également très appréciés.
Pour la photo de couverture, un piano à queue a été transporté au sommet d’une montagne à Eldora Mountain Resort (un domaine skiable près des studios Caribou Ranch), recouvert de neige et photographié. En 1978, Even in the Quietest Moments… a été classé 63ème dans The World Critic Lists, qui a recencé les 200 plus grands albums de tous les temps votés par des critiques de rock et des DJ réputés.
Les titres de l’album : Davies dit de « Lover Boy » : « J’ai été inspiré par des publicités dans des magazines masculins qui vous disent comment draguer les femmes. Vous savez, ils vous envoient les meilleures techniques pour ne pas échouer. Si vous n’avez pas couché avec au moins cinq femmes en deux semaines, vous pouvez récupérer votre argent. Le plus gros de la chanson « Even in the Quietest Moments » a été écrit lors de la vérification du son pour un spectacle au Tivoli Gardens (à Copenhague). Davies et Hodgson ont travaillé sur différentes parties de la chanson avec Hodgson assis à un synthétiseur Oberheim et Davies à la batterie. Davies a commenté : « ça commence par une mélodie très standard, puis il y a une sorte de progression d’accord ou peut-être que nous devrions appeler ça une digression. C’est une chanson où il y a des centaines de sons différents qui entrent et sortent, une chose de collage ». Hodgson a dit des paroles: » C’est une sorte de chanson d’amour double – cela pourrait être pour une fille ou pour Dieu ». Le morceau « Fool’s Overture » avait pour titre de « The String Machine Epic », et selon John Helliwell : « Il est venu principalement de quelques mélodies que Roger avait travaillé sur cet appareil qu’on utilisait sur scène. » Hodgson a déclaré que les paroles de la chanson sont essentiellement sans signification, expliquant: « J’aime être vague et pourtant en dire assez pour mettre l’imagination des gens en émoi ». Cet album est unique dans la discographie de Supertramp car aucune des chansons ne présente le piano électrique Wurlitzer qui est la marque acoustique du groupe. Cependant, un piano Fender Rhodes a été utilisé lors d’une courte section de « From Now one ».
Breakfast in America (1979) : éleva Supertramp au statut de superstar. C’est le sixième album studio du groupe de rock. Il a été enregistré en 1978 au Village Recorder à Los Angeles. Il a engendré quatre singles américains au Billboard hit : « The Logical Song » (n ° 6), « Goodbye Stranger » (n ° 15), « Take the Long Way Home » (n ° 10) et « Breakfast in America » (N ° 62). Au Royaume-Uni, « The Logical Song » et la piste titre ont été classé parmi les 10 meilleurs hits britanniques. Breakfast in America a remporté deux Grammy Awards en 1980 et détient une certification RIAA de quadruple platine. Breakfast in America est devenu l’album le plus vendu de Supertramp avec plus de 6 millions d’exemplaires vendus aux États-Unis. Il fut numéro 1 au Billboard Pop Albums Chart pendant six semaines au printemps et à l’été 1979. L’album a également atteint la première place en Norvège, en Autriche, au Canada, en Australie et en France, où il est l’un des cinq albums les plus vendus de tous les temps.
Supertramp prolongea le succès de Breakfast in America avec l’album Live Paris, mais ce n’est qu’en 1982 que le groupe sortit un nouvel album studio, Famous Last Words, (dont est extrait le tube « It’s Rainin Aganin »). En un sens, le titre de l’album était prophétique puisque les relations de travail entre Rick Davies et Roger Hodgson devinrent difficiles, et en 1983, Hodgson, le chanteur principal et auteur des plus grands succès de Supertramp, quitta le groupe pour poursuivre une carrière solo. (Il passa alors un accord verbal avec Rick Davies qui stipulait que Davies gardait le nom de Supertramp, mais s’engageait à ne jamais jouer les morceaux d’Hodgson sur scène. Cet accord sera rompu par Rick Davis en 1988 lors du « World Migration Tour », tournée promotionnelle de Free As A Bird, sorti en 1987, dans lequel il reprendra tous les standards de Supertramp écrits par Hodgson).
En 1983, Davies prit donc la direction de Supertramp qui sortit l’album Brother Where You Bound en 1985, laissant de côté le son pop rock pour explorer le rock progressif. Le groupe invita d’ailleurs plusieurs fois le guitariste des Pink Floyd, David Gilmour. Sur Free as a Bird en 1987, Supertramp expérimenta les synthétiseurs et la musique électronique, mais après une tournée mondiale de soutient pour l’album, Davies mit peu à peu le groupe en sommeil jusqu’en 1997, date de sortie de Some Things Never Change. Slow Motion est le dernier album studio de Supertramp, sorti en 2002.
Discographie :
1970 – Supertramp
1971 – Indelibly Stamped
1974 – Crime of the Century
1975 – Crisis? What Crisis?
1977 – Even in the Quietest Moments
1979 – Breakfast in America
1982 – …Famous Last Words…
1985 – Brother Where You Bound
1987 – Free as a Bird
1997 – Some Things Never Change
2002 – Slow Motion
Photo d’illustration : …Famous Last Words…(1982)